Un chemin qui en dit long ...

par Jean-Jacques REILNAC

05 août 2011

Chemin faisant, nous résumerons que le camping des Templiers est fermé au motif que "l'accès n'est pas suffisant pour évacuer les occupants du camping en cas de problème", dixit la Préfecture qui s'exprimait en ces termes dans le Dauphiné-Libéré du 10 juin 2011.

Et c'est ainsi que le "chemin" des Templiers fait couler autant d'encre que de salive !

Mais au fait, c'est quoi un "accès pas suffisant
pour évacuer les occupants du camping
en cas de problème" ?

 Il y a, dans cet énoncé, trois données  :

- la suffisance de l'accès
- l'évacuation des occupants
- les cas de problème

Concernant "les cas de problème" et "l'évacuation des occupants", je vous renvoie à la chronique 003.
On l'a vu, il n'y a pas 50 cas qui nécessiteraient une évacuation.
Et dans ces circonstances précises, tout est prévu - dans les règles de l'art  - au camping des Templiers.

Alors, d'où vient cette formule (magique !) et que cache-t-elle derrière elle ?

C'est la technique dite de l'enfumage !

On raconte n'importe quoi (sous couvert d'assurer des responsabilités, c'est encore mieux) en balançant malgré tout quelques références réglementaires (même si cela n'a aucun rapport avec le sujet, car on pense bien que le péquin moyen n'ira pas vérifier) et on rabâche en boucle, lors des réunions ou à la presse, le même message débile :  "l'accès n'est pas suffisant pour évacuer les occupants du camping en cas de problème"

... et on n'oublie pas de compléter (histoire de faire peur) que le chemin est difficile, extrêmement difficile même, que les secours ne sauraient l'emprunter, et ri et ran petit patapon ....
On a même entendu la dénomination "chemin de chèvres" ... pour qualifier le chemin piéton qui dessert le camping ; chemin piéton qui figure quand même sur les cartes IGN (l'IGN qui ne mentionne pas, que je sache, les chemins de chèvres sur sa cartographie !) et ce depuis des lustres puisqu'il s'agit de l'ancien chemin d'exploitation d'une charbonnière (mais pour savoir ça, il faut s'intéresser un peu à l'histoire des Gorges !).


l'enfumage ... ce n'est pas que pour les abeilles !

C'est quoi le chemin des Templiers ?  On va tout vous dire ...

C'est en réalité, le chemin d'accès le plus court pour accéder, depuis le plateau, à la rivière et ce dans la partie des Gorges située entre le bivouac de Gournier et la sortie du canyon vers le camping des Grottes.

C'est un chemin qui a été emprunté sans aucun problème durant les 30 dernières années par des myriades de campeurs. Mais aussi, précisons-le, par bon nombre des randonneurs ou canoéistes qui souhaitent s'échapper des Gorges à cet endroit. Mais aussi, ET SURTOUT, par les SECOURS (n'en déplaise à Monsieur le Préfet, et à son Sous) pour venir à la rescousse de quelques canoéistes blessés au Rapide de la Pastière ou du Resquilladou (nos amis les Pompiers ne peuvent pas dire le contraire ... ou alors sous la contrainte !)

C'est un chemin qui se descend donc facilement et qui a (même s'il faut lui reconnaître une pente accentuée par endroit) le grand intérêt d'être plus court que les autres accès, ceux des bivouacs par exemple.

Et pour ce qui est de la remontée (et là, on répète tout de suite que l'évacuation "massive" pour cause d'incendie ne se fera pas par le chemin, cf Chronique 003), elle n'est dramatique que pour les bureaucrates dont les articulations seraient rouillées, faute d'être restés assis trop longtemps. Le 14 juillet dernier, les naturistes ont organisé un petit championnat de la remontée du chemin. Le meilleur chrono a été réalisé un jeune de 17 ans : 3mn34 ! Il y a eu aussi les chronos des enfants [photo] en 5m02 (11 ans) ou un peu moins sportif en 7mn50 (13 ans) ou 8mn34 (10 ans). Et bien sûr les temps des vétérans (+ de 50 ans) en courant en 6mn15 ou en marchant en 9mn07.

Dès lors, comment peut-on affirmer que "l'accès est insuffisant", lorsque quelqu'un peut évacuer les lieux en moins de 10 mn ?

Vous voulez connaître la VÉRITÉ ?

Le chemin est long exactement de 521 m pour un dénivelé de 100 m !

Dans un des rapports de la préfecture, on peut lire que le chemin nécessite "20 minutes de marche pour une personne en bonne santé" ! À ce stade, ce n'est plus de l'enfumage : c'est de la pure mauvaise foi (pour ne pas dire plus).

Et surtout, messieurs de la préfecture, ne vous appuyez pas sur les articles réglementaires mentionnés dans vos comptes-rendus et qui n'ont aucun rapport avec le sujet. Je prendrai l'exemple de l'article PE7, cité dans un de vos papiers.
Écrit comme ça, ça fait pro ! Ça impressionne ! Sauf que pour le coup, nous, on sait lire.

Cet article fait partie de l'arrêté du 22 juin 1990 concernant les ERP (Établissement Recevant du Public).
Traduisez pour les Templiers : le petit local d'accueil-réception, la petite épicerie et le petit restaurant.

Que dit cet article PE7 ?

Il parle de l'accès des secours. Très bien, mais en référence à un article du "Code de la construction et de l'habitation", le R123-4. Qui lui même rappelle quelques règles de ... CONSTRUCTION ! Nous ne sommes pas sur le même sujet. Il ne s'agit pas de construire quelque chose. Les ERP existent déjà et fonctionnent depuis des années. Ces règles de CONSTRUCTION, édictées du reste bien après la construction des bâtiments des Templiers, ne sont pas applicables dans ce cas.

Donc passons.

Et si on revient à l'arrêté du 22 juin 1990, il est dit expressément, au §3 de l'article PE2, que les ERP de 5è catégorie sans locaux à sommeil ne sont pas concernés par l'article PE7. Les ERP du camping des Templiers répondent bien à cette règle de 5è catégorie, recevant au plus 19 personnes (comme édicté dans les prescriptions du Préfet Latournerie en juin 2005).

Donc pour le PE7, de toute façon, doublement pas concerné !

L'accès aux secours -comme l'entend la préfecture actuelle- c'est à dire avec camion-échelle et sirène hurlante jusqu'au pied des ERP ne correspond en rien à une exigence réglementaire. Pas plus d'ailleurs qu'à une prescription de la Commission de sécurité, qui avait évoqué "l'accès difficile" dans l'ANALYSE DES RISQUES, au regard des défaillances de certaines installations du camping mal entretenues par l'ancien exploitant. Mais en face de cette analyse des risques, la commission s'est bien gardée d'y mettre une  quelconque prescription sur le chemin d'accès.

Et ceci, pour deux raisons :

- l'une, purement réglementaire : la Commission ne peut ordonner des prescriptions qu'en s'appuyant sur des textes légaux. Ici, pas de textes opposables = pas de prescriptions (C.Q.F.D).

- l'autre, de bon sens :   les ERP de 5è catégorie des Templiers ne nécessitent pas (comme les refuges de haute-montagne d'ailleurs) de chemin d'accès pour camions ou ambulances des Pompiers. Il faut simplement que leurs installations de lutte contre l'incendie (RIA, extincteurs, signalétique, sono, formation du personnel, ...) soient conformes. Ce qui est le cas aujourd'hui aux Templiers car à la mise aux normes a été réalisée par le nouvel exploitant.

En conclusion :
ce qui se cache derrière ce long cheminement, c'est bien de l'ostracisme vis-à-vis du naturisme.
En 2005, c'était déjà ça. En 2011, rebelote. Personne n'est dupe.
Mais, les naturistes ne se laisseront pas faire !

Tous les chemins mènent aux Templiers ...

stoppons là, ramez !